Les troubles psychotiques

EN CONSTRUCTION. Cette section sera progressivement construite. Dernier m-à-j 2020-11-29

Phénoménologie de l'expérience de la psychose

L'expérience varie d'un personne à l'autre, d'un moment à l'autre, d'un contexte à l'autre... La nature, la durée, la fréquence, les fluctuations et l'intensité des symptômes ont également une influence sur "l'expérience psychotique" à court et long terme. Le traitement, l'automédication de la personne, la réponse/réaction de l'environnement de la personne modèlent également ce vécu. Il faut prendre en compte beaucoup de paramètres pour tenter de comprendre l'expérience unique de la personne. Parfois même il n'y a aucune corrélation entre le contexte, actuel ou passé, et son vécu actuel. Dans un tel cas, trop chercher à comprendre cause un préjudice plus grand que simplement viser le lâcher prise, se discipliner à accepter sans trop comprendre, se pratiquer à vivre le moment présent, se rappeler ce qui est le plus important...

6 dimensions classiques des symptômes

La psychose désigne un syndrome, c'est-à-dire une constellation de symptômes divers que les cliniciens tentent de classer dans différentes catégories ou dimensions. La psychose est le résultat d'une tempête chimique - notamment de la dopamine - à certains endroits dans le cerveau. Un chapitre complet pourrait être dédié à chaque dimension de symptômes, particulièrement les "symptômes perceptuels et expériences bizarres" ainsi que les "idées délirantes". Les possibilités des manifestations de tels symptômes sont quasi infinies.

Dimensions indirectes des symptômes

La confusion

La confusion peut-être aucunement liée aux déficits cognitifs aigus ou chroniques causée par la psychose (MATRICS: speed of processing, attention/vigilance, working memory, verbal learning, visual learning, reasoning and problem solving, and social cognition), elle peut être de nature:

  • psychiatrique: perturbation des perceptions et des interprétations;

  • psychologique: sentiment de perte de contrôle, doute sur l'autodétermination, questionnement sur sa valeur, comparaison avec les autres et sentiment d'être en retard, difficulté au niveau de l'estime, adoption de perspectives nouvelles et remise en doute des connaissances et des conceptions acquises, etc...

  • existentiel: questionnement sur le sens de la vie, sur son identité...

Les effets secondaires de la médication ou l'absence de traitement pendant la tempête chimique cérébrale - aka la psychose - peuvent également causer une confusion. C'est alors une confusion provenant du "hardware" en opposition à la confusion provoquée par le "software", soit la confusion de nature psychologique ou existentielle.

La peur de la rechute

L'expérience de la psychose est souvent vécu comme un trauma. Une fois rétablie, beaucoup de personne craignent la rechute. Cette peur peut les inhiber et affecter leur capacité à se réengager dans la vie. Il s'agit d'accompagner la personne à surmonter cette peur en les encourageant à s'exposer progressivement à ce qui semble être "risqué". Il s'agit surtout aussi d'enseigner à la personne à reprendre un certain contrôle. Un engagement dans les 4 types d'activation et l'adoption consciente et volontaires de saines habitudes de vie sont vues comme des moyens de surmonter l'incertitude et de reprendre le contrôle.

Le doute, l'estime de soi

La psychose étant caractérisée par les pensées/perceptions inhabituelles et excentriques, une remise en question de la "réalité" de la personne est quasi inévitable. Tôt ou tard la personne se questionnera sur ses conceptions et ses croyances. L'expérience du doute est donc inhérente à l'expérience de la psychose. Le doute cause beaucoup d'angoisse.

Peur de perte de le contrôle

pulsion auto-hétéroaggressive, idée tabou

  • en rédaction

Solutions

L'entourage et les professionnels doivent évidemment comprendre les subtilités du "vécu psychotique" avant d'offrir leur présence et un soutien inconditionnel durant ces moments difficiles. Le doute, la confusion et la peur doivent être vécus pour être digérés et métabolisés. Un accompagnement et une réassurance constante aident à une saine digestion. À l'issue d'un tel travail, la personne devrait davantage être en mesure d'accepter sa nouvelle réalité et trouver une certaine sérénité. La nouvelle réalité n'est pas nécessairement si négative, même si elle est différente. Le déni de la nouvelle réalité ne fait qu'exacerber le mal-être à long terme. Une attitude d'acceptation avant d'arriver à une position de sublimation (transformation du négatif en positif) est donc à privilégier. Il n'y a pas de recette précise pour y arriver, mais les ingrédients incluent souvent:

  • le temps, la patience

  • la compréhension

  • la compassion

  • l'ouverture d'esprit (éviter la confrontation, l'invalidation, l'imposition de sa réalité sur l'autre)


Crtières diagnostiques du DSM5

Trouble délirant

A. Présence d’une (ou de plusieurs) idées délirantes pendant une durée de 1 mois ou plus. Les idées délirantes sont des croyances figées qui ne changent pas face à des évidences qui les contredisent

B. Le critère A de la schizophrénie n’a jamais été rempli.

N.B. : Si des hallucinations sont présentes, elles ne sont pas prééminentes et elles sont en rapport avec le thème du délire (p. ex. la sensation d’être infesté par des insectes associée à des idées délirantes d’infestation).

C. En dehors de l’impact de l’idée (des idées) délirante(s) ou de ses (leurs) ramifications, il n’y a pas d’altération marquée du fonctionnement ni de singularités ou de bizarreries manifestes du comportement.

D. Si des épisodes maniaques ou dépressifs caractérisés sont survenus concomitamment, ils ont été de durée brève comparativement à la durée globale de la période délirante.

E. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques d’une substance ou d’une autre affection médicale et elle n’est pas mieux expliquée par un autre trouble mental comme l’obsession d’une dysmorphie corporelle ou un trouble obsessionnel-compulsif.


Trouble psychotique bref

A. Présence d’un (ou plus) des symptômes suivants. Au moins l’un des symptômes (1), (2) ou (3) doit être présent :

    1. Idées délirantes.

    2. Hallucinations.

    3. Discours désorganisé (p. ex. déraillements fréquents ou incohérence).

    4. Comportement grossièrement désorganisé ou catatonique.

N.B. : Ne pas inclure un symptôme s’il s’agit d’une modalité de réaction culturellement admise.

B. Au cours d’un épisode, la perturbation persiste au moins un jour mais moins d’un mois, avec retour complet au niveau de fonctionnement prémorbide.

C. La perturbation n’est pas mieux expliquée par un trouble dépressif caractérisé ou bipolaire avec caractéristiques psychotiques, ou un autre trouble psychotique comme une schizophrénie ou une catatonie, et n’est pas due aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou à une autre affection médicale.


Trouble schizophréniforme

A. Deux (ou plus) des symptômes suivants sont présents, chacun pendant une proportion significative de temps durant une période d’un mois (ou moins quand ils répondent favorablement au traitement). Au moins l’un des symptômes (1), (2) ou (3) doit être présent :

    1. Idées délirantes.

    2. Hallucinations.

    3. Discours désorganisé (p. ex. déraillements fréquents ou incohérence).

    4. Comportement grossièrement désorganisé ou catatonique.

    5. Symptômes négatifs, (p. ex. diminution de l’expression émotionnelle, ou aboulie).

B. Un épisode du trouble dure au moins un mois mais moins de 6 mois.

C. Un trouble schizoaffectif et un trouble dépressif ou bipolaire avec caractéristiques psychotiques ont été éliminés 1) soit parce qu’aucun épisode dépressif caractérisé ou maniaque n’a été présent conjointement avec les symptômes de la phase active, 2) soit parce que si des épisodes thymiques ont été présents pendant les symptômes de la phase active, leur durée totale a été brève par rapport à la durée des périodes actives et résiduelles de la maladie elle-même.

D. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques d’une substance (c.-à-d. une drogue donnant lieu à abus, un médicament) ou à une autre affection médicale.


Schizophrénie

A. Deux (ou plus) parmi les symptômes suivants, chacun devant être présent dans une proportion significative de temps au cours d’une période d’un mois (ou moins en cas de traitement efficace). Au moins l’un des symptômes (1), (2) ou (3) doit être présent :

    1. Idées délirantes.

    2. Hallucinations.

    3. Discours désorganisé (p. ex. incohérences ou déraillements fréquents).

    4. Comportement grossièrement désorganisé ou catatonique.

    5. Symptômes négatifs (aboulie ou diminution de l’expression émotionnelle).

B. Durant une proportion significative de temps depuis le début du trouble, le niveau de fonctionnement dans un domaine majeur tel que le travail, les relations interpersonnelles ou l’hygiène personnelle est passé d’une façon marquée en dessous du niveau atteint avant le début du trouble (ou, quand le trouble apparaît pendant l’enfance ou l’adolescence, le niveau prévisible de fonctionnement interpersonnel, scolaire ou professionnel n’a pas été atteint).

C. Des signes continus du trouble persistent depuis au moins 6 mois. Pendant cette période de 6 mois les symptômes répondant au critère A (c.-à-d. les symptômes de la phase active) doivent avoir été présents pendant au moins un mois (ou moins en cas de traitement efficace) ; dans le même laps de temps des symptômes prodromiques ou résiduels peuvent également se rencontrer. Pendant ces périodes prodromiques ou résiduelles, les signes du trouble peuvent ne se manifester que par des symptômes négatifs, ou par deux ou plus des symptômes listés dans le critère A présents sous une forme atténuée (p. ex. croyances étranges ou expériences de perceptions inhabituelles).

D. Un trouble schizoaffectif, ou dépressif, ou un trouble bipolaire avec manifestations psychotiques ont été exclus parce que 1) soit il n’y a pas eu d’épisode maniaque ou dépressif caractérisé concurremment avec la phase active des symptômes, 2) soit, si des épisodes de trouble de l’humeur ont été présents pendant la phase active des symptômes, ils étaient présents seulement pendant une courte période de temps sur la durée totale des phases actives et résiduelles de la maladie.

E. Le trouble n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. une drogue donnant lieu à abus, ou un médicament) ou à une autre pathologie médicale.

F. S’il existe des antécédents de trouble du spectre de l’autisme ou de trouble de la communication débutant dans l’enfance, le diagnostic surajouté de schizophrénie est posé seulement si des symptômes hallucinatoires et délirants importants, en plus des autres symptômes de schizophrénie nécessaires au diagnostic, sont aussi présents pendant au moins un mois (ou moins en cas de traitement efficace).


Trouble schizoaffectif

A. Période ininterrompue de maladie pendant laquelle sont présents à la fois un épisode thymique caractérisé (dépressif ou maniaque) et le critère A de schizophrénie.

N.B. : En cas d’épisode dépressif caractérisé, le critère A1 (humeur dépressive) doit être présent.

B. Idées délirantes ou hallucinations pendant au moins 2 semaines sur toute la durée de la maladie, en dehors d’un épisode thymique caractérisé (dépressif ou maniaque).

C. Les symptômes qui répondent aux critères d’un épisode thymique caractérisé sont présents pendant la majeure partie de la durée totale des périodes actives et résiduelles de la maladie.

D. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques directs d’une substance

(p. ex. une substance donnant lieu à un abus, un médicament) ou à une autre affection médicale.




Référence

Crocq, M.-A., Guelfi, J. D., American Psychiatric Association., & American Psychiatric Association. (2015). DSM-5: Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson.